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Dyslexie


L’ANALYSE D’UN ARTICLE SCIENTIFIQUE TRAITANT LE SUJET DE LA DYSLEXIE

Durant ma recherche d’articles sur le thème de la dyslexie/dysorthographie, j’ai lu de nombreux écrits décrivant le trouble, ses symptômes, ses causes, son diagnostic etc. mais peu d’articles traitaient des conséquences de cette difficulté. J’ai donc constaté que c’était une thématique peu analysée bien que fort intéressante.

C’est ainsi qu’au fil de mes recherches, j’ai trouvé un article intitulé : « La faible estime de soi des élèves dyslexiques : mythe ou réalité ? Â» qui m’a attiré.

C’est un article scientifique rédigé par Tamara Leonova et Gaëlle Grilo, extrait de L’année psychologique de 2009 (p’431 à 462).

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La thématique de l’estime de soi chez les élèves dyslexiques et/ou dysorthographie a été évoquée durant le cours mais il me semblait pertinent de l’approfondir. En effet, nous avons vu dans la plupart des cours sur les troubles d’apprentissage (dyscalculie, dyspraxie, dysgraphie) ainsi que durant les cours traitant des troubles du spectre autistique, troubles du déficit de l’attention / et d’hyperactivité, des déficiences sensorielles etc., que l’estime de soi des élèves est impactée par ces derniers.

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Ainsi, il nous a été dit que les troubles divers que peuvent rencontrer les enfants et les adultes vont avoir un effet sur la perception qu’ils ont d’eux-mêmes, et il nous a été suggéré que le rôle de l’orthopédagogue n’est pas seulement de proposer des aménagements et des techniques afin d’accompagner les individus dans leurs apprentissages, mais également de veiller à leur bien-être, ce qui va nécessairement passer par un travail sur leur estime d’eux-mêmes.

Les auteures entament leur écrit en expliquant qu’il semble exister peu de recherches expérimentales sur le thème de l’influence de la dyslexie sur l’estime de soi. En effet, les chercheurs semblent ne s’intéresser qu’aux causes de la dyslexie ainsi qu’à sa remédiation, et non pas à l’adaptation scolaire ou au développement socio-émotionnel, à l’exemple de l’estime de soi.

L’estime de soi est définie comme « l’acceptation générale de la personne, c’est-à-dire au degré avec lequel une personne pense avoir de la valeur en tant qu’individu Â» (Burns 1979). Elle se construit selon les interactions avec autrui et en comparaison avec les autres, et elle touche tous les domaines de la vie. Elle va évoluer au fil du temps.



Les quelques recherches antérieures semblent montrer que les élèves dyslexiques ont en effet une estime d’eux-mêmes plus faible que les élèves sans dyslexie (à la fois dans le domaine général et académique). Les élèves appartenant à des familles mal informées sur ce troubles ont un concept de soi encore plus négatif (probablement en raison d’un soutien moins important). D’autres recherches plus récentes montrent cependant que la dyslexie n’impacterait que l’estime académique, et non pas l’estime de soi générale, sociale, relative à l’apparence physique, aux compétences physiques et d’autocontrôle.

La perception des capacités scolaires serait en effet liée à l’histoire de la réussite ou de l’échec scolaire.

Les élèves dyslexiques inscrits dans des établissements scolaires ordinaires auraient une plus faible estime d’eux-mêmes que les élèves dyslexiques inscrits au sein d’établissements spécialisés. Les auteurs expliquent qu’il semblerait que les élèves dyslexiques auraient plus de difficultés à s’intégrer dans les classes ordinaires. Ainsi, 50% des élèves dyslexiques disent avoir été victimes de moqueries et parfois de brutalités venant de leurs camarades dans les établissements ordinaires.

Le bien-être des élèves dyslexiques dépend donc de leur environnement scolaire : notamment du fait de l’attitude des pairs et de l’intégration au sein du groupe, mais également en raison du comportement des adultes et de l’environnement général. En effet, l’effectif réduit des classes dans l’enseignement spécialisé va permettre une approche individuelle, un ajustement du niveau d’aide et des exigences. Les enseignants vont apporter un soutien approprié aux besoins spécifiques de chaque élève. De plus, les enseignants spécialisés vont avoir tendance à être plus compréhensifs et plus tolérants.

Parallèlement, les élèves dyslexiques inscrits au sein d’écoles spécialisées vont évoluer dans un contexte de comparaison différent, les autres élèves souffrant du même trouble. Ils seront ainsi moins rejetés et s’évalueront de manière plus homogène.

L’estime de soi des élèves dyslexiques va donc augmenter au sein des établissements spécialisés du fait qu’ils évoluent entourés d’autres élèves ayant le même trouble, et accompagnés d’adultes mieux formés sur leurs difficultés.

C’est pourquoi les chercheuses se sont intéressées à l’exploration de l’estime de soi de 35 élèves dyslexiques âgés entre 8 et 14 ans scolarisés au sein d’une école spécialisée suisse (en comparaison avec un groupe de contrôle composé d’élèves dyslexiques inscrits dans un établissement ordinaire).

Leurs recherches vont démontrer l’influence de la dyslexie sur l’estime de soi des élèves : ceux inscrits dans un établissement spécialisé vont pouvoir améliorer leur perception d’eux-mêmes grâce à un accompagnement plus personnalisé, bienveillant, et entourés de camarades auxquels ils peuvent s’identifier. De plus, on peut émettre l’hypothèse selon laquelle, si les parents ont choisi de les inscrire au sein d’un établissement spécialisé, ils ont une connaissance suffisante du trouble et soutiennent adéquatement leurs enfants. Les divers aménagements mis en place en classe vont pouvoir permettre à l’élève dyslexique de connaître des réussites scolaires plus nombreuses, ce qui va nécessairement avoir une influence positive sur leur estime de soi académique.

A la suite de la lecture de cet article, je ne considère par que l’inscription des élèves au sein d’établissements spécialisés soient la solution pour qu’ils puissent accéder à une perception d’eux-mêmes plus positive. Simplement, puisque l’on considère que les élèves dyslexiques constitueraient entre 5% et 8% des enfants scolarisés, il me semble important de prendre en compte la question de leur bien-être, et donc de prendre des initiatives afin d’accompagner les élèves dyslexiques de chaque classe :

-en formant les adultes qui les accompagne sur leur trouble (afin qu’ils proposent automatiquement des aménagements et qu’ils revoient leurs exigences pour permettre aux élèves de connaître des réussites scolaires),

-en informant les pairs, pour qu’eux aussi comprennent le trouble et éviter qu’ils ne rejettent l’élève dyslexique

-en travaillant avec l’élève dyslexique, pour que sa perception de lui ne soit construite qu’en comparaison avec lui-même, sur les efforts qu’il fournit.

La lecture et l’analyse de cet article apportent donc des éléments complémentaires aux informations reçues durant les cours, puisqu’elles me permettent de suggérer qu’en tant qu’orthopédagogue, nous ne pouvons pas nous contenter d’agir sur les symptômes des troubles d’apprentissage mais nous nous devons également de veiller à travailler sur le bien-être des élèves.





Sources :

  • Genard, N. (2019). Troubles des apprentissages : dyslexie/dysorthographie, Notes de cours non éditées, Haute Ecole Bruxelles-Brabant Defré, Bruxelles

  • Leonova, T. et Grilo, G. Extrait de L’année psychologique de 2009 (p’431 à 462). (Chapitre : La faible estime de soi des élèves dyslexiques : mythe ou réalité ?) 

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